mercredi 20 mars 2013

Les naufrages : une normalité africaine ?

Après avoir édité, Souviens-toi du Joola, le récit de Patrice Auvray sur la plus grande catastrophe maritime civile de tous les temps, l'annonce d'un nouveau naufrage ne peut plus me laisser insensible. Il y a 2 ou 3  jours, un bateau dont on ne sait pas encore grand chose, même pas le nom, et dont on n'apprendra peut être jamais rien de plus, a sombré à 40 milles des côtes nigérianes. Les premières informations font part de 2 rescapés pour plus de 160 passagers.

La souffrance de ses passagers a du ressembler à celle des passagers du Joola. Certaines situations décrites par Patrice Auvray me reviennent en mémoire : les gens prisonniers dans la coque, les gens qui nagent sans savoir où aller et qui dans un dernier acte de désespoir entraînent avec eux un compagnon d'infortune...

Que restera-t-il de cette tragédie dans deux jours ? Les journaux européens n'en parleront plus. Les médias africains ? Ces 150 hommes, femmes et enfants seront déjà oubliés du monde, seuls quelques parents pleureront encore leurs morts. Auront-ils droit à des explications ? A un procès pour trouver les raisons du drame ? La dépêche reprise sur les différents sites d'information se termine par cette phrase terrible : "ce genre d'accident est fréquent en Afrique, avec des bateaux en mauvais état souvent surchargés de passagers". Même si elle rappelle les causes du naufrage du Joola il y a 10 ans, elle semble répondre à tout questionnement par une fatalité inéluctable, une espèce de "normalité" africaine. Pourtant que dire du Costa concordia, qui a tenu la Une pendant plusieurs semaines ? Du Herald of free enterprise ou de l'Estonia ? Ils ne sont malheureusement pas des exceptions et ont bien sombré en Europe. 
Il est important de refuser la banalisation de ces drames. On ne peut pas dire simplement c'est la faute à l'Afrique, enterrer quelques corps et oublier. Au contraire, il faut chercher à comprendre pourquoi 150 vies humaines ont été englouties par l'océan. Comme pour le Joola il y a des responsables et les absoudre d'office c'est condamner une seconde fois les victimes.

L.Lecrest


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