vendredi 7 mars 2014

Interview de Sébastien Rozeaux auteur du Barbu Céleste

Pour en savoir plus sur son travail d'écrivain et sur son Barbu céleste, voici une interview de Sébastien Rozeaux.

- Comment t'es venu l'idée du Barbu céleste ?
Franchement, je n’ai pas de souvenir précis, car l’idée remonte à mon premier séjour au Brésil, à Porto Alegre, il y a presque dix ans de cela. Mais il est sûr que les heures passées à me promener dans la ville, et à traîner aux abords de ses parcs, y sont pour beaucoup.

- Combien de temps t'a pris l'écriture du livre ?
Longtemps, donc, car je me suis beaucoup investi dans son écriture lors de cette première année passée au Brésil. De retour en France, il a fallu jongler avec les contraintes de la carrière, et ce n’est que l’an dernier que j’ai pu y mettre une dernière main.

- C'est ton premier roman, qu'est-ce qui fut le plus difficile ?
Non pas écrire, non, car c’est une réelle jouissance. Réécrire, encore et encore, oui, cela peut paraître fastidieux, à la longue. Mais je ne le regrette pas, puisque cela ne fut pas en vain : le « Barbu » s’est incarné sur le papier.

- Cela fait quoi de découvrir que le livre existe enfin physiquement ?
 Une grande joie, un plaisir incontestable ; de la pudeur et de l’humilité aussi, dans l’attente des retours de lecteurs…

- Les personnages sont représentatifs du Brésil d'aujourd'hui ?
Difficile à dire. Je n’ai pas cherché à être représentatif, mais la plupart des personnages s’inspirent de l’ambiance dans laquelle j’ai baigné au cours de mes nombreux séjours au Brésil, oui. Cela dit, il est clair que certains personnages pourraient être considérés comme des « types » sociaux, à l’instar de la fille du barbu, cette jeune bourgeoise ambitieuse, ou de ces sportifs pressés qui courent à toutes heures dans les parcs de la ville. La plupart des personnages sont de pures inventions.

- On a l'impression d'un Brésil à deux vitesses, où ceux qui s'assoupissent comme le Barbu restent à l'écart. Il y a ceux qui courent et ceux qui restent sur le banc ?
Est-ce une impression juste, je ne sais pas. En tout cas je ne voudrais pas laisser penser qu’il y a ceux qui ont pris le chemin du succès et les autres, les exclus, les déclassés, condamnés à regarder les autres passer. Rappelons-nous la fable du lièvre et de la tortue… Plus généralement, un pays comme le Brésil ne doit pas se résumer à un taux de croissance économique, aux enthousiasmes du carnaval ou aux succès de l’équipe nationale de football, comme on le fait trop souvent en France. Les dernières manifestations publiques qui secouent le pays l’ont bien montré : ceux qui sont laissés de côté n’ont pas dit leur dernier mot !

- Le Barbu céleste, c'est un livre "brésilien" ou universel ?
Les deux, probablement. Et personnel, aussi, même s’il peut paraître banal de le dire. Ce qui m’importait d’abord était d’illustrer, presque par l’absurde, la trajectoire d’une vie, avec ses soubresauts, ses cahots, ses revirements brutaux et la possibilité qu’ils offrent à tout un chacun de changer, de se renouveler, de recommencer. On a tellement tendance aujourd’hui à enfermer les gens dans une case, une profession, un rang, un statut. Or, il n’appartient qu’à nous d’échapper à ces carcans.

- Il y a un personnage francophile dans le livre. Quelle vision ont les brésiliens de la France ?

Une vision pour le moins contrastée : le pays de la culture, du livre, les beautés de son patrimoine, Paris, la gastronomie, mais aussi les Français, leur mauvais caractère, leur rapport trop laxiste à l’hygiène corporel, leur empressement permanent… Comme tous les clichés, ils en disent autant sur ceux qui les relayent que sur ceux dont ils parlent.

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