- Comment t'es venu l'idée du Barbu céleste ?
Franchement, je n’ai pas de souvenir précis, car l’idée
remonte à mon premier séjour au Brésil, à Porto Alegre, il y a presque dix ans
de cela. Mais il est sûr que les heures passées à me promener dans la ville, et
à traîner aux abords de ses parcs, y sont pour beaucoup.
- Combien de temps t'a pris l'écriture du livre ?
Longtemps, donc, car je me suis beaucoup investi dans son
écriture lors de cette première année passée au Brésil. De retour en France, il
a fallu jongler avec les contraintes de la carrière, et ce n’est que l’an
dernier que j’ai pu y mettre une dernière main.
- C'est ton premier roman, qu'est-ce qui fut le plus
difficile ?
Non pas écrire, non, car c’est une réelle jouissance.
Réécrire, encore et encore, oui, cela peut paraître fastidieux, à la longue.
Mais je ne le regrette pas, puisque cela ne fut pas en vain : le
« Barbu » s’est incarné sur le papier.
- Cela fait quoi de découvrir que le livre existe enfin
physiquement ?
Une grande joie, un
plaisir incontestable ; de la pudeur et de l’humilité aussi, dans
l’attente des retours de lecteurs…
- Les personnages sont représentatifs du Brésil
d'aujourd'hui ?
Difficile à dire. Je n’ai pas cherché à être représentatif,
mais la plupart des personnages s’inspirent de l’ambiance dans laquelle j’ai
baigné au cours de mes nombreux séjours au Brésil, oui. Cela dit, il est clair
que certains personnages pourraient être considérés comme des
« types » sociaux, à l’instar de la fille du barbu, cette jeune
bourgeoise ambitieuse, ou de ces sportifs pressés qui courent à toutes heures
dans les parcs de la ville. La plupart des personnages sont de pures
inventions.
- On a l'impression d'un Brésil à deux vitesses, où ceux qui
s'assoupissent comme le Barbu restent à l'écart. Il y a ceux qui courent et
ceux qui restent sur le banc ?
Est-ce une impression juste, je ne sais pas. En tout cas je
ne voudrais pas laisser penser qu’il y a ceux qui ont pris le chemin du succès
et les autres, les exclus, les déclassés, condamnés à regarder les autres
passer. Rappelons-nous la fable du lièvre et de la tortue… Plus généralement,
un pays comme le Brésil ne doit pas se résumer à un taux de croissance
économique, aux enthousiasmes du carnaval ou aux succès de l’équipe nationale
de football, comme on le fait trop souvent en France. Les dernières
manifestations publiques qui secouent le pays l’ont bien montré : ceux qui
sont laissés de côté n’ont pas dit leur dernier mot !
- Le Barbu céleste, c'est un livre "brésilien" ou
universel ?
Les deux, probablement. Et personnel, aussi, même s’il peut
paraître banal de le dire. Ce qui m’importait d’abord était d’illustrer,
presque par l’absurde, la trajectoire d’une vie, avec ses soubresauts, ses
cahots, ses revirements brutaux et la possibilité qu’ils offrent à tout un
chacun de changer, de se renouveler, de recommencer. On a tellement tendance
aujourd’hui à enfermer les gens dans une case, une profession, un rang, un
statut. Or, il n’appartient qu’à nous d’échapper à ces carcans.
- Il y a un personnage francophile dans le livre. Quelle
vision ont les brésiliens de la France ?
Une vision pour le moins contrastée : le pays de la
culture, du livre, les beautés de son patrimoine, Paris, la gastronomie, mais
aussi les Français, leur mauvais caractère, leur rapport trop laxiste à
l’hygiène corporel, leur empressement permanent… Comme tous les clichés, ils en
disent autant sur ceux qui les relayent que sur ceux dont ils parlent.
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