Chers amis
Je viens
d'apprendre le non-lieu décrété par la justice française dans le procès
contre X du naufrage du Joola, sous prétexte que le naufrage s'est passé
dans les eaux internationales.
Outre
le simple fait qu'il ne faut pas douze ans de procédures pour s'en
rendre compte, il apparait comme évident qu'il s'agit encore d'une
victoire de la diplomatie des "grands" sur la justice des "petits".
Je
voudrais ici vous faire part de mon profond écoeurement quant à cette
décision, qui nous fait retomber, nous rescapés et les nombreuses
familles de victimes, 12 ans en arrière, alors que nous sollicitions du
gouvernement sénégalais une justice pour les 2000 victimes de ce crime,
qui nous apparait maintenant de plus en plus comme un crime d'état. En
effet, les familles françaises et moi-même, seul rescapé français, nous
avons porté plainte en France dès la fin 2002 contre les responsables de
ce naufrages, que nous avons désignés sous X puisqu'il appartient à
cette justice de se prononcer sur les responsabilités. Mais les chefs
d'états et leur gouvernement qui se sont succédés dans les deux pays,
n'ont cessé de s'opposer diplomatiquement aux démarches des associations
des familles de victimes, particulièrement Wade, qui n'avait pourtant
pas été impliqué directement, malgré une responsabilité évidente dans ce
naufrage et son absence de secours, et ses propres promesses faites,
entre autres pour une vérité devant aboutir à l'établissement de la
justice. Il avait alors fait clore le dossier au Sénégal dès la première
année sous le simple prétexte que le capitaine du Joola était le seul
responsable du drame et avait disparu dans le naufrage, ce qui n'a
jamais été prouvé, et est contredit par certains témoignages au
lendemain du naufrage, mais n'a jamais provoqué de réelle enquête pour
le confirmer ou le contredire.
Les
rescapés et les familles de victimes, françaises comme sénégalaises ou
d'autres nationalités, ne peuvent que se sentir humiliées et
profondément blessées par cette nouvelle atteinte à leurs droits, et
l'histoire même du Sénégal comme celle de la France s'en trouve flouée
et construite autour de l'intérêt des gouvernants, que l'on sait
maintenant plus que jamais manipulés par des intérêts privés, avoués ou
cachés.
La France, après s'être
illustrée ces dernières années par des actions militaires dans
différents pays d'Afrique visant à protéger ses propres intérêts
économiques contre les populations, dans le plus pur style de la
Françafrique, s'abaisse aujourd'hui une fois de plus en protégeant des
dirigeants à l'origine du plus grand naufrage civil de tous les temps.
L'histoire s'en souviendra, car si elle a réussi à masquer certains des
nombreux méfaits particulièrement atroces de ces derniers siècles, dont
un des plus graves depuis l'esclavage institutionnalisé se trouve être à
l'origine du génocide Rwandais, il se trouve qu'à présent l'histoire du
monde n'appartient plus aux manuels scolaires ayant " lavé" la mémoire
historique nationale, mais bien davantage aux échanges faits sur
internet et à l'opinion publique échangée directement qui ne sauraient
accepter cette même manipulation.
En
tant que rescapé soucieux de témoigner de la vérité, je suis révolté par
l'attitude de mon pays d'origine, qui se permet de réclamer une
contravention pour un excès de vitesse de trois km/h sur la vitesse
permise, d'expulser des familles entières « d'étrangers" pour un simple
document administratif manquant, mais protège les responsables des pires
crimes, que certains n'hésitent pourtant pas à qualifier de crimes
contre l'humanité au vu des circonstances.
Je
suis de plus en plus étonné de voir les ressortissants d'un tel pays
cautionner ses pires actions en s'abaissant à applaudir ses victoires
sur la justice plutôt que sur l'injustice, comme un simple résultat
sportif, comme s'il allait de soit qu'étant français il fallait adhérer à
tous ses abus, et qu'au levé des "couleurs", il fallait se mettre au
garde à vous.
Aujourd'hui plus que
jamais j'ai honte d'être français, d'autant plus qu'hier j'étais au
consulat de France de Dakar, et qu'on m'a demandé 5900 caf pour une
simple légalisation de signature, c'est-à-dire quatre jour du salaire
moyen sénégalais, ce même consulat qui raquette les prétendants à
l'immigration de sommes énormes et non remboursées en cas de refus.
Il
reste que la France a une belle langue, et que dans cette langue il y a
un mot inventé pour illustrer ce que l'on ressent dans une situation de
ce genre : MERDE
Merci de vous
exprimer sur ce sujet, en reproduisant ce commentaire sur les réseaux
sociaux, et en intervenant auprès des personnes concernées, comme les
innombrables familles de victimes, qui ont plus que jamais besoin de
soutien.
Patrice Auvray
1 commentaire:
C'est assez déconcertant il est vrai, il y a bien deux justices. Il faudrait un film grand public pour remuer toute cette "merde" et que les états acceptent de mener l'enquête. Courage et obstination. La vérite, de toutes façons, verra un jour le jour…
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