mercredi 6 novembre 2013

interview d'Emmanuel Brisson auteur de Pèlerinage en Mecque d'Afrique

Il inaugure la collection Reporter extraordinaire des éditions Globophile avec son livre Pèlerinage en Mecque d'Afrique. Faisons plus ample connaissance avec Emmanuel Brisson journaliste voyageur.

Globophile : Comment t’es venu l’idée d’écrire Pèlerinage en Mecque d’Afrique ?
Emmanuel Brisson : Dès mon premier voyage au Sénégal, il y a de ça déjà longtemps, j’ai été amené à rencontrer des Baye Fall. En cherchant à savoir qui ils étaient vraiment, j’ai été surpris de constater qu’une telle obédience de l’Islam soit si peu connue des nombreux voyageurs, malgré leur rôle incontournable dans l’Histoire du pays face aux colonisateurs français, et puis social et économique ensuite. J’ai trouvé, de plus, intéressant de montrer un exemple d’appropriation d’une religion, à travers une voie totalement mystique.

Globophile : Comment as-tu rencontré Abou ?
Emmanuel Brisson : Comme je le dis dans ce reportage, cela s’est fait dans le son des djembés. C’est lui qui a senti ma curiosité et qui m’a proposé de passer du temps avec des vrais Baye Fall.
 
Globophile : Qu’est ce qui a retenu ton attention chez les Baye Fall ?
Emmanuel Brisson : Comme la plupart des voyageurs, j’ai d’abord vu en eux des rastas. Et puis quand j’ai commencé à en apprendre sur eux, c’est cette spécificité unique du culte du travail « sanctifiant », comme ils disent qui m’a interpellé.
 
Globophile : Combien de temps tu as suivis Abou et ses amis ?
Emmanuel Brisson : J’ai d’abord fait un long séjour avec eux sans poser de questions. Simplement en participant à leur vie quotidienne, et en observant. Et puis je suis revenu pour ce reportage deux mois avant un grand Magal, le fameux pèlerinage à Touba, la ville sainte des Mourides, créée par Cheikh Ahmadou Bamba.
 
Globophile : C’est un sujet sensible au Sénégal les Baye Fall ? Ne sont-ils pas mis dans le même panier que les baye faux qui utilisent leur foi à des fins personnels ?
Emmanuel Brisson : Non. Au Sénégal, la confrérie des Mourides est très respectée. De nombreux musulmans du pays, même s’ils sont d’une tradition plus orthodoxe, participent aux mêmes  festivités religieuses que les Baye Fall. Les gens font bien la différence entre eux et les Baye faux, comme on s’est mis a appeler cette jeunesse désœuvrée, et urbaine, qui profite des avantages du Madial, la quête rituelle, notamment.
 
Globophile : Tu avais déjà écrit auparavant ?
Emmanuel Brisson : J’écris beaucoup sur mes voyages. Cela se transforme la plupart du temps en scénario de documentaire pour la télévision. Ce livre reportage est une première, mais cela fait un bout de temps que j’avais envie de travailler un sujet à la mode des grands maitres de tous les reporters, comme Albert Londres ou Joseph Kessel.
 
Globophile : Combien de temps a pris l’écriture du livre ?
Emmanuel Brisson : Cela a été assez rapide en fait. Parce que de nombreux passages ont été rédigés sur le terrain, sous le coup de l’émotion, si j’ose dire !
 
Globophile : C’est du journalisme de récit, quelle en est la spécificité ?
Emmanuel Brisson : Je ne sais si l’on peut dire qu’il y ait des règles précises à l’écriture de ce genre de reportage. Selon moi, il y a deux critères : le temps, et un regard subjectif avoué à travers l’emploi du « je ». Le lecteur doit comprendre qu’il s’agit de la perception d’un seul regard. C’est pourquoi il faut donner beaucoup de « clés » pour que chacun se fasse sa propre idée, tant du sujet, que de ce qui amène le reporter à sa propre perception.
 
Globophile : Tu inaugures une collection, reporter extraordinaire, dans laquelle tu t’es beaucoup investi, quelle en sont les contours ?
Emmanuel Brisson : J’aimerais que cette nouvelle collection participe à revaloriser un genre de reportage qui prend le temps justement, à l’heure où l’info va si vite. Et puis à l’époque du web, alors que le public ne reçoit plus l’actualité sans la commenter, je crois que le ton de ce genre éditorial spécifique redevient très moderne. Parce que le contenu et son auteur sont identifiables, et donc critiquables.
 
Globophile : Quels sont tes projets ?
Emmanuel Brisson : Des voyages, bien sûr ! Extraordinaires, si possible !

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