Il inaugure la collection Reporter extraordinaire des éditions Globophile avec son livre Pèlerinage en Mecque d'Afrique. Faisons plus ample connaissance avec Emmanuel Brisson journaliste voyageur.
Globophile : Comment t’es venu l’idée d’écrire Pèlerinage en Mecque d’Afrique ?
Emmanuel Brisson : Dès mon premier voyage au Sénégal, il y a de ça déjà longtemps, j’ai été
amené à rencontrer des Baye Fall. En cherchant à savoir qui ils étaient
vraiment, j’ai été surpris de constater qu’une telle obédience de l’Islam soit
si peu connue des nombreux voyageurs, malgré leur rôle incontournable dans
l’Histoire du pays face aux colonisateurs français, et puis social et
économique ensuite. J’ai trouvé, de plus, intéressant de montrer un exemple
d’appropriation d’une religion, à travers une voie totalement mystique.
Emmanuel Brisson : Comme je le dis dans ce reportage, cela s’est fait dans le son des
djembés. C’est lui qui a senti ma curiosité et qui m’a proposé de passer du
temps avec des vrais Baye Fall.
Emmanuel Brisson : Comme la plupart des voyageurs, j’ai d’abord vu en eux des rastas. Et
puis quand j’ai commencé à en apprendre sur eux, c’est cette spécificité unique
du culte du travail « sanctifiant », comme ils disent qui m’a
interpellé.
Emmanuel Brisson : J’ai d’abord fait un long séjour avec eux sans poser de questions.
Simplement en participant à leur vie quotidienne, et en observant. Et puis je
suis revenu pour ce reportage deux mois avant un grand Magal, le fameux pèlerinage
à Touba, la ville sainte des Mourides, créée par Cheikh Ahmadou Bamba.
Emmanuel Brisson : Non. Au Sénégal, la confrérie des Mourides est très respectée. De
nombreux musulmans du pays, même s’ils sont d’une tradition plus orthodoxe,
participent aux mêmes festivités
religieuses que les Baye Fall. Les gens font bien la différence entre eux et
les Baye faux, comme on s’est mis a appeler cette jeunesse désœuvrée, et
urbaine, qui profite des avantages du Madial, la quête rituelle, notamment.
Emmanuel Brisson : J’écris beaucoup sur mes voyages. Cela se transforme la plupart du
temps en scénario de documentaire pour la télévision. Ce livre reportage est
une première, mais cela fait un bout de temps que j’avais envie de travailler
un sujet à la mode des grands maitres de tous les reporters, comme Albert
Londres ou Joseph Kessel.
Globophile : Combien de temps a pris l’écriture du livre ?
Emmanuel Brisson : Cela a été assez rapide en fait.
Parce que de nombreux passages ont été rédigés sur le terrain, sous le coup de
l’émotion, si j’ose dire !
Emmanuel Brisson : Je ne sais si l’on peut dire qu’il y ait des règles précises à
l’écriture de ce genre de reportage. Selon moi, il y a deux critères : le
temps, et un regard subjectif avoué à travers l’emploi du « je ». Le
lecteur doit comprendre qu’il s’agit de la perception d’un seul regard. C’est
pourquoi il faut donner beaucoup de « clés » pour que chacun se fasse
sa propre idée, tant du sujet, que de ce qui amène le reporter à sa propre
perception.
Emmanuel Brisson : J’aimerais que cette nouvelle collection participe à revaloriser un
genre de reportage qui prend le temps justement, à l’heure où l’info va si
vite. Et puis à l’époque du web, alors que le public ne reçoit plus l’actualité
sans la commenter, je crois que le ton de ce genre éditorial spécifique
redevient très moderne. Parce que le contenu et son auteur sont identifiables,
et donc critiquables.
Emmanuel Brisson : Des voyages, bien sûr ! Extraordinaires, si possible !
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